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Des mots couchés sur pixel

Mardi 10 août 2010 à 22:41

Chapitre 9 : La vallée des héros

Au petit matin, les bienfaits de l’arrosoir étaient toujours là. Le cheval broutait paisiblement et le désert avait l’air calme. Un temps parfait pour s’y rendre. La fée s’étira et dépliant ses ailes, voleta pour les dégourdir.
- Il est temps d’y aller, dit elle pour se donner du courage.
Après avoir inspiré un grand bol d’air, de lourdes pensées s’emparèrent de son esprit, une nouvelle mission l’attendait et sans doute de nouvelles difficultés, elle n’avait pas réellement réfléchi à la suite avant cela. Son premier objectif avait été d’atteindre l’entrée du désert mais après… « De toute manière j’ai tellement peu d’informations qu’il ne sert à rien de m’imaginer quoi que ce soit. Je suis vraiment incapable de prévoir ce qu’il va arriver. ». S’étirant une seconde, elle fila ensuite en avant, suivi de près par le galop de son compagnon. Bientôt le bruit des sabots s’estompa alors qu’ils rencontraient le sable et un nuage de poussière se forma sur la traînée de leur course ainsi que de fines herbes vertes.
Après plus d’une heure de route, ils arrivèrent à une oasis composée de trois palmiers et une petite source d’eau. Malgré la présence de l’arrosoir, ils se désaltérèrent avec l’eau trouble qui s’y trouvait puis se reposèrent à l’ombre des palmes. Cependant ils n’étaient pas soulagés pour autant car depuis plusieurs kilomètres ils avaient aperçus une tempête de sable. Ils voyaient maintenant qu’elle n’avait rien d’un simple phénomène naturel. Le sable formait comme un mur, on pouvait faire un pas et rentrer dans la tempête, un autre en arrière et en ressortir. Déterminée, la fée s’approcha. Aucun autre choix n’était possible, sa mission était trop importante pour s’arrêter à ça. Par prudence, ce fut les ailes repliées, marchant sur le sol qu’elle s’approcha car une telle puissance de vent aurait pu la souffler en vol. La lame au bout de son bras passa au travers du mur et se mit à vibrer. Des centaines de grains de sable se fracassaient violemment contre elle et tombait en poussière. La fillette poussa un cri de douleur et se jeta en arrière. Inquiet le cheval la rejoignit.
- J’ai ressenti… C’est comme si ma main était de nouveau là, s’écria-t-elle haletante. Levant la dague devant ses yeux, elle mima le mouvement qu’elle aurait fait pour agiter les doigts. Dans un grincement étrange, le bout de la lame se scinda en cinq parties, formant une main d’acier.
- Je me suis dit que tu apprécierais, s’inscrivit en lettre rouges et tremblantes.
- Comment as-tu fait ce…miracle? répondit la fée observant de tout côté sa nouvelle main et la bougeant délicatement.
- En fait je me suis dit que si tu pouvais me ressentir comme un membre à part entière, tu ne pourrais plus me faire faire des tâches ingrates car ce serait douloureux pour toi… Sauf que je ne m’attendais pas à ce que ça marche si bien.
- Je… je ne peux pas dire que je comprends, mais j’apprécie.

Elle se releva et soupira, c’était une grande joie que de retrouver des possibilités perdues mais elle n’avait pas le temps de s’y habituer. Il fallait repartir. Avec pour refuge la crinière du cheval, elle reprit la route au milieu du sable cinglant. L’équidé semblait ne pas être trop indisposé par la tempête. Il se laissait guider, yeux fermés, par les crins qu’elle tirait une fois pour aller à droite, deux fois pour aller à gauche avec ses pieds, sa main étant trop affutée pour les toucher sans les couper. Après une longue marche, le vent se calma soudain. Devant eux, une oasis. Une oasis avec trois palmiers… Une oasis avec une traînée de fines herbes verdoyantes qui traçaient un chemin vers un mur de sable.
- Comment est-ce possible ? On est revenu à notre point de départ ! Ça fait pourtant longtemps que… D’ailleurs ça fait combien de temps…, dit-elle abasourdie, levant la tête vers le ciel.  Aah ! Il fait nuit ! C’est… impossible. Cette magie est vraiment maléfique !
Il fallait trouver un moyen d’utiliser le cercle de fer car après tout il était censé lui indiquer le chemin de la vallée des héros. Elle se doutait bien que quiconque ne le possédait pas, pouvait errer des jours dans cette tempête cependant aucune instruction ne lui avait été donnée. Le bracelet était bien resserré autour de son bras, le déplacer était impossible. Le toucher ne donnait rien non plus, ni d’ailleurs de souffler dessus ou encore de se concentrer sur lui voire sur la vallée des héros. La nuit s’épaississait au fur et à mesure des tentatives. Finalement épuisée, la fée s’endormit sur le sable, aux prises à la brise gelée de la nuit. Son compagnon s’installa à ses côtés et s’allongea pour la garder à la chaleur de son flanc.
Les premiers rayons du soleil touchèrent ses paupières. Elle s’éveilla comme sous l’effet d’un choc électrique et regarda alentour. Rien, rien trouvé, pas le moindre petit indice, pas le moindre petit espoir. Comment était-elle censée réussir ? Pourquoi tant de difficultés ?! Etait-ce donc sans fin ? Toute la longueur de sa vie serait-elle nécessaire à l’accomplissement de sa mission ? Les souvenirs d’Hyrule dans son temps de prospérité lui revinrent en mémoire. La plaine verdoyante, la forêt des enfants si paisible, toujours emplie de chants et de danses, le bourg si animé, le mont, abri de la formidable race Goron, le lac et ses eaux pures… De tous ces lieux, il ne restait que des pâles reflets d’un souvenir et le seul qui était déjà à l’époque fui et vide, le désert des brigands, était étrangement l’écrin de l’unique futur possible. La fatigue, le désespoir, la lourdeur de sa tâche l’accablèrent si bien que de lourdes larmes coulèrent sur ses joues, tombant vers son menton, s’y accumulant pour enfin tomber vers le sol. Dans un doux bruit de rebondissement, l’une des gouttes salées entra en contact avec le bracelet. Une lueur en sortit soudain filant droit vers le mur, traçant un chemin rougeoyant à travers la tempête. Se levant comme une seule personne, l’équidé et la fée se trouvèrent prêts au départ et bientôt ils chevauchaient guidés par l’étrange signal. Ils allèrent tout d’abord droit devant eux mais bientôt la lumière bifurquait à 90 degrés vers la droite pour ensuite modifier de nouveau leur chemin vers la gauche. Ils passèrent ainsi cinq heures à suivre la route sinueuse qui leur était indiquée. Ils virent alors d’étranges formes se dessinant à l’horizon et découvrirent des amas de marchandises, anciennement ce que l’on pourrait appeler les entrepôts en plein air des brigands. A certains endroits, des os humains ou animaux étaient à moitié enterrés sous le sable comme un avertissement à ceux qui se rendraient plus avant. Et enfin après encore une heure de route, le vent faiblit, le sable s’effaça devant l’air purifié et en face d’eux, deux montagnes de faible hauteur, séparée par une vallée dans laquelle on pouvait apercevoir un fin filet d’eau qui se terminait par une oasis. Les deux amis se dépêchèrent de rejoindre l’entrée du lieu. Ils s’arrêtèrent alors devant la beauté du paysage qui s’offrait à leurs yeux. Le lit de la petite rivière était entouré de grandes colonnes de pierre rouge sculptées avec finesse. Les motifs représentaient différentes scènes de bataille et d’entraînement des Gerudos mais sur les dernières colonnes ils laissaient place à des dessins héroïques, des triforces et des évènements où le bien triomphait. Au bout de cette longue allée, de grandes statues pointaient leurs visages vers le ciel comme un appel à la bénédiction des dieux. Le chemin bifurquait alors sur la gauche vers une ouverture géante taillée à même la roche et ornée de magnifiques écritures. Il était noté « Passé cette porte, un nouvel avenir se tient ».

Malgré ce que l’on aurait pu croire, l’intérieur de la grotte était très bien éclairé, car un puits de lumière était creusé dans le plafond. Une pièce circulaire avait été sculptée directement dans la roche et trois rais lumineux frappaient des cristaux géants. La fée s’approcha et effleura le premier de sa lame-main., une épaisse couche de poussière le recouvrait. Alors qu’elle la retirait, ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Une jeune fille qui devait avoir 13 ans, était scellée à l’intérieur. La fée se précipita vers la roche suivante pour y apercevoir un jeune garçon du même âge et enfin la dernière renfermait une autre jeune fille. Après le premier choc, elle prit du sable qu’elle lâcha au sommet de chaque cristal et qui, dans sa chute, emportait la poussière. Bientôt les trois éléments brillaient et révélaient dans leur totalité leurs étranges habitants. Le support de chacun était sculpté d’une triforce dont l’un des triangles était doublé : pour la première jeune fille il s’agissait de celui de gauche, pour le garçon celui d’en haut et pour la dernière celui de droite.
- Gauche sagesse, haut pouvoir, droite courage. Eh bien si je m’attendais à ça… En tout cas les instructions étaient claires, il faut que je réveille la sagesse en premier, dit-elle.
Sur le bloc qui soutenait le joyau scellant la jeune fille, une encoche était visible. La jeune fée y inséra la lame et tourna. Peu à peu le cristal perdit de son éclat pour enfin, dans un fin craquement, se fissurer et voler en éclat. Sa protégée glissa doucement sur le sol et après une lente inspiration, ouvrit les yeux. Elle s’assit et regarda autour d’elle, l’air désorienté. Son regard fut ensuite attiré par le cheval puis par la fée.
- Hum, dit-elle en s’éclaircissant la gorge. Est-ce vous qui m’avez libérée ?
- Oui, c’est bien nous.
- Puis-je vous demander depuis combien de temps nous sommes ici, mes compagnons et moi ?
- Euh… Eh bien mademoiselle, c'est-à-dire que… Nous n’en savons rien nous-mêmes.
- …
- Tout ce que je peux vous apprendre c’est qu’Hyrule est en bien mauvaise posture. Tout est détruit dehors, ravagé, comme si les ténèbres avaient tout englouti. De plus il n’y a aucune forme de vie, qu’elle soit bénéfique ou maléfique.
- Je m’en doutais, nous ne devions être réveillés qu’après la guerre afin que nos vies soient épargnées. Nous avons été enfermés ici, dans ce lieu introuvable tant que le temps n’était pas venu. Chacun d’entre nous a été préparé à sa tâche, nous avons eu des instructions précises.
- Quelles étaient les tiennes ?
- Étrangement mon rôle semble être essentiellement de permettre le fonctionnement d’une équipe entre les deux autres. Ils nous ont enfermés séparément pendant dix jours, chacun de nous avait un rôle que les autres ne connaissaient pas. Le mien était d’apprendre l’histoire qui suit par cœur :
Quand une personne au cœur pur viendra vous libérer de vos prisons de cristal, une mission vous attendra. Vous devrez trouver l’arme permettant de battre les démons, un artefact sacré que vous ne pourrez atteindre que si vous réunissez les trois objets sacrés de la légende du grand chêne.  Une prophétie a été formulée il y a de cela plusieurs siècles par un homme mystérieux, apparu soudainement en plein centre de la plaine d’Hyrule. L’étranger avait appelé à lui la population présente, en la personne d’un postier et du jeune prince Daphnes Mondar I. Il avait alors proclamé venir d’un Hyrule lointain dans le temps et être envoyé par Daphnes Nohansen d’Hyrule, arrière-arrière-arrière-arrière petit fils du présent Roi. Il sortit alors un parchemin de sa poche et déclara ceci : « Dans cinquante ans jour pour jour, en ce lieu même qui sera marqué alors d’un grand chêne, le Roi d’Hyrule devra, muni d’une pelle d’or forgée par le peuple Goron, d’un arrosoir de nacre offert par le Roi Zora et d’un sabre orné de rubis provenant du trésor des Gerudo, faire tomber l’arbre de ses propres mains et déterrer le coffre qui se trouvera entre ses racines. » Il roula alors le parchemin, laissa tomber sur le sol un gland multicolore et dans un bruissement, disparut soudain de la surface herbeuse de la plaine, laissant derrière lui les deux hommes ébahis.
Cinquante ans passèrent et le roi Daphnes Mondar I se rendit à l’aube à l'endroit même où l’étranger était apparu, devant un chêne majestueux qui portait une ombre rafraichissante sur une grande zone de la plaine. Il était muni de la pelle, de l’arrosoir et du couteau que les rois des autres peuples lui avaient cédés, les uns par loyauté, les autres par curiosité et les derniers par appât du gain, croyant qu’un trésor magnifique était enfoui. Les souverains étaient ainsi réunis avec leurs suites, regardant attentivement le Daphnes Mondar I creuser avec la pelle d’or, ramollir la terre avec l’eau pur de l’arrosoir de nacre et couper les racines avec le sabre. Après toute une dure journée de labeur, dans un craquement sinistre, l’arbre s’effondra et un coffre gigantesque sortit d’entre ses racines. Le roi Daphnes Mondar I le prit et l’ouvrit sous les regards des autres souverains. A l’intérieur se trouvait des pierres et des bijoux qui furent donnés aux Gerudo, un livre d’énigmes de la vie pour les Zora, un parchemin contenant le moyen de trouver et utiliser de la poudre d’or pour forger des épées surpuissantes pour les Goron et enfin un livre écrit avec des runes mystérieuses pour le roi d’Hyrule. Chacun des grands hommes rentra dans son domaine comblé et le roi entreprit immédiatement de faire traduire l’étrange document. »
Cet écrit a permis de forger le bracelet de fer que tu as au poignet et l’arme qui doit annihiler le mal mais plus encore reconstruire ce monde. Pour cela nous devons retrouver les trois artefacts de la légende et retourner à l'endroit de la chute du grand chêne.
- Au moins nous avons des instructions claires désormais, dit la fée après avoir écouté la jeune fille.
Savoir ce qu’elle devait accomplir lui permettait de voir l’avenir d’un œil meilleur, mais le fait qu’aucun être maléfique ne lui ai barré la route la mettait mal à l’aise. Quels étaient donc leurs plans ?
- Dis-moi, quel est ton nom ? interrogea la fillette ailée.
- Zinéta, descendante de Zelda. On m’a prévenue qu’il ne servait à rien que je demande ton nom, mais je dois t’avertir. Selon la prophétie qui fait de nous les trois sauveurs d’Hyrule, l’épée que tu portes à ton bras reviendra au héros du courage.
La fée eut du mal à cacher sa peine à l’écoute de cette nouvelle. « J’aurais dû m’en douter », pensait-elle. « Ce n’est pas mon rôle de sauver Hyrule, mais uniquement de ramener les trois héros qui le feront et de leur en donner les moyens…quel qu’en soit le prix. »

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