terre-vue-d-anouck

Des mots couchés sur pixel

Jeudi 9 décembre 2010 à 9:41

Dans le froid d'un hiver
Sous son manteau de blanc
Se promène un enfant
Aux yeux couleur de terre.

Son souffle est chaud et doux
Ses bras ondulent comme l'air
Et c'est toute la misère
Qui s'efface des faubourgs

Sous ses pas rien ne crisse
Derrière lui nulle empreinte
Dans la nuit presque éteinte
Où il traîne sa pelisse

C'est l'enfant du printemps
Qui annonce la verdure
Dont le vêtement capture
Les flocons hésitants

De ses longs cheveux blancs
S'échappent des gouttelettes
Qui deviennent tempête
Ou flux des océans

Sous lui la terre verdie
Toutes les mousses s'étalent
Les fleurs ouvrent leurs pétales
L'hiver est bien fini

Il finit son voyage
Dans les bras d'un grand chène
Les racines de l'Eden
La fin de tout voyage

Mardi 10 août 2010 à 23:02

Les larmes, la sueur et le sang se mêlaient sur son visage,
Mais de ses lèvres ne surgissait aucun message.
La douleur, le supplice lui semblaient sans fin
Mais tel le roseau, il pliait et ne rompait point.

Peu à peu dans son cœur la rage s’insinuait
Alors que ses bourreaux, tout autour, s’affairaient.
Noir, noir, NOIR tel était son esprit.
Un grognement sonore s’élança dans la nuit.

Les chaînes s’entrechoquaient sous ses assauts répétés.
Son sang coulait lentement de son corps tailladé.
Les yeux des autres, de peur devenaient blancs
Alors que la table entière était prise de tremblements.

Encore, toujours, sans cesse, le pauvre endiablé
Secouait tout son être comme un homme possédé.
Mais l’un de ses bourreaux reprit soudain conscience
Et saisit un métal en pleine incandescence.

Les cris de toute son âme se mêlèrent à sa gorge
Et dans une explosion qui fit trembler la forge
Ses chaînes se rompirent dans un bruit de tonnerre
Devant les regards vides de ses tortionnaires.

Les cinq contre un seul s’élancèrent vers lui
Menaçants, terrifiants sous leurs masques de nuit.
Mais la colère de l’homme au corps ensanglanté
Lui redonnait des forces, le laissait espérer.

Tel un être vivant redevenu golem,
Il les frappait tous, du premier au cinquième.
Tant de haine et de rage accumulées dans le temps
L’avaient rendu bourreau, les autres des enfants.

Lorsque tous furent morts, il alla vers les portes
Mais il était affaibli et elles étaient si fortes.
Un vent de la serrure fut son jugement dernier
Mais cela lui suffit, il mourut libéré.

Mardi 10 août 2010 à 23:00

Il y avait sur cette terre un nuage de poussière.
Une poussière froide et grise qui bouffait la lumière.
Des ombres s'élançaient au travers de cette nuit,
Ames en peine égarées dans un lourd infini.

Le gris emportait tout dans la poussière volante,
Les marchés, les parvis, les paysages, les plantes.
Tous les hommes revêtaient un costume de grisaille
Reflet de leurs esprits que les tourments cisaillent.

A côté de cette brume, se tenait une enfant,
Observant l'aquarium de ce monde latent.
Elle le frôla du doigt, sentant toute sa froideur
Et préféra rester dans son monde de douceur.

Mais l'enfant grandissait, s'approchait de plus près
De ce mur de brouillard qui sans cesse l'attirait.
Et quand elle le touchait il lui semblait moins froid,
Sans voir que la chaleur avait quitté ses doigts.

Un jour elle pénétra dans la brume des envies
Et tout se referma, n'offrant plus de sortie.
Elle combattit d'abord puis se laissa aller,
Suivant les formes grises qui comme elle s'y mouvaient.

Parfois il arrivait qu'elle sente la fine chaleur
Volatile et sereine de ce monde de douceur
Mais elle ne laissait place qu'à ce gris déprimant
Et son coeur attristé voyait s'enfuir l'instant.

Pourtant dans ce brouillard qui toujours l'entourait
Elle conservait l'espoir et recherchait la paix,
Un jour elle décida de marcher vers l'avant,
Ne pas se retourner, poursuivre son but ardent.

Elle marchait depuis peu ou bien depuis longtemps
Quand un arbre doré apparut du néant.
Ses doigts cherchèrent vivement les replis de l'écorce
Suivis du cliquetis d'un système qu'on amorce.

Comme au fond d'un ravin, elle perçut un écho,
Un battement, une plainte qui remplissait ses os.
Son coeur battait maintenant comme celui de l'enfant
Qu'elle avait écarté au profit d'un séant.

Le brouillard s'éloigna, des couleurs s'invitèrent,
Elle vit les gens restés dans la brume sectaire,
Des petites formes tapies l'observaient bouches bées,
Premier adulte sortit de cette obscurité.

Elles formèrent une ronde autour de l'invitée
Et la femme étourdit par les rires irisés
Se laissa choir ravie au milieu des enfants,
Se rappelant de l'arbre qu'avant elle aimait tant.

Elle se voyait courir, embrassant son écorce
Se hissant dans ses branches avec sa petite force.
Elle s'endormait ravie au pied de son ombrage
Inventant le passé d'un arbre d'un tel âge.

Après de longues heures elle se leva enfin,
Repartit vers la brume qui sévissait au loin.
Elle était de ce monde où les adultes se leurrent
Et elle y retournait les mains pleines de couleurs.

Car ce n'est sûrement pas en perdant l'innocence
Que l'on perd les bonheurs tout simples de l'enfance

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