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Des mots couchés sur pixel

Mardi 10 août 2010 à 22:38

Chapitre 7 : Verset 7

Son rire s'arrêtant enfin de résonner dans les couloirs vides formés par les bibliothèques alignées, la fée s'approcha du livre et en saisit la couverture. Cependant elle stoppa bien vite son étreinte car la brûlure qu'elle avait déjà sentie reprit de plus belle. Soufflant sur ses doigts encore douloureux, elle regarda anxieusement la couverture. Comment pouvait-elle bien ouvrir le livre si elle ne pouvait même pas en approcher ses mains ? Elle essaya de saisir d’autres parties de la couverture mais de nouveau le livre fut, au toucher, semblable à de la lave en fusion. Après avoir fait le tour de l’ouvrage ainsi, si bien que la pulpe de ses doigts était devenue rouge et semblait prête à saigner, elle s’assit et se mit à réfléchir. Toutes les épreuves que la fée avait passées depuis qu’elle était entrée dans l’enceinte du domaine semblaient être liées. A chaque fois elle avait dû montrer ses qualités pour se sortir des situations étranges et dangereuses imprégnées dans ce lieu. La fillette avait utilisé aussi bien la force que la délicatesse puis avait fait preuve de détermination, de persévérance, de mémoire, d’impétuosité et de réflexion. Il y avait bien une qualité et non la moindre qu’elle n’avait pas réellement montré : le courage et l’abandon de soi. Alors qu’elle réfléchissait encore au moyen d’ouvrir l’étrange ouvrage, elle se leva d’un bond et comme frappée par la folie, saisit à pleine main la couverture épaisse et agita frénétiquement ses ailes pour séparer le revêtement en cuir des douces pages qu’il pressait. La douleur dans ses mains déjà meurtries par ses vaines tentatives de découvrir une partie praticable de l’ouvrage, se fit violente, aigue, comme une lame qui transperçait sa peau. En regardant ses mains, elle vit son épiderme se noircir et s’assécher. Le cuir si lourd se soulevait millimètre par millimètre, laissant entrevoir peu à peu une écriture douce et liée tracée par une plume. Des larmes coulaient des yeux de la créature, luttant dans un combat sans merci, sachant ce qu’elle sacrifiait à la cause qu’elle avait décidé d’embrasser. De sa bouche entrouverte ne s’échappait aucun cri mais l’horreur et la souffrance se lisait sur son visage alors que ses doigts s’effritaient sous la chaleur de la lave et que leurs cendres tombaient sur les pages d’une blancheur immaculée.  Dans un dernier battement d’ailes, alors que ses phalanges disparaissaient dans un nuage noir, la lourde couverture arriva en équilibre, droite, penchant légèrement vers l’intérieur. La fée ne la tenait plus, elle ne pouvait plus la tenir car de ses mains il ne restait que des cendres, maintenant éparpillées sur les lettres de la première page. Désespérée elle regarda la couverture pencher lentement sans pouvoir la retenir. Et soudain hurlant de douleur, elle chargea. Fonçant vers l’avant, les moignons de ses membres tendus vers l’avant, ouvrant enfin le livre sacré.
Elle ne ressentit aucune joie. La douleur du choc l’avait terrassée et elle était étendue sur la pierre froide, évanouie.

Dans son sommeil sans rêve elle ressentit une douce fraicheur sur ses bras et quand elle ouvrit enfin les yeux, la fée leva ses bras devant elle et aperçut ses deux mains, entières, roses et douces. Son sourire s’élargit, elle les agita, testa sa poigne, toucha l’une puis l’autre, les caressant, passant chaque millimètre sous l’observation de ses grands yeux. La créature ailée se releva mais ses jambes la lâchèrent. Trop d’émotion, trop de fatigue. Elle commença à ressentir une forte douleur aux bras et alors que tous ses muscles semblaient lâcher prise, sa tête heurta le sol.
La fée ouvrit les yeux et leva ses bras devant elle pour ne voir que des moignons putrides et noirs. Elle referma puis rouvrit ses paupières mais ils étaient toujours là. Des larmes coulèrent sur ses joues. Ce n’était qu’un rêve… un magnifique et doux rêve mais uniquement une fantaisie de son esprit fatigué et troublé. Elle referma les yeux épuisée, tombant dans un sommeil si profond que la douleur ne pouvait plus l’atteindre.
Plusieurs heures plus tard, elle émergea enfin, courbaturée, attristée mais consciente que sa tâche n’était pas terminée. Elle se releva en grimaçant de douleur et se dirigea lentement vers le livre, d’une démarche mal assurée mais déterminée. Sur la première page était inscrit ceci : « Livre sacré – Par les sages du temple du Temps ». Elle prit la page avec ses dents et s’envola lentement pour la tourner. « Je n’ai plus qu’à trouver le verset 7 » se dit-elle, « Mais… au fait, un verset c’est dans un chapitre et il n’y avait pas de numéro de chapitre sur la lettre. Ça risque de prendre encore beaucoup de temps ». La page retomba en douceur contre la couverture. Une courte préface s’étalait devant ses yeux.

« A ceux qui liront ces mots. Ce livre n’est composé que d’un chapitre mais regroupe tout le savoir des sages sur l’avenir et sur le passé. Futur héros, faites votre chemin jusqu’aux portes du savoir… tournez les pages. ». La fée poursuivit donc sa recherche et après plusieurs dizaines de minutes arriva enfin au verset 7. Et sur le doux papier, des mots notés à la plume s’alignaient.
« Lorsque l’apocalypse aura tout détruit, et nous savons que cela arrivera, il n’y aura qu’un moyen de sauver ce monde mais plusieurs choix tout au long du chemin salvateur. Mais avant de poursuivre il faut que vous sachiez la vérité sur les tristes évènements qui ne se sont pas encore produits au jour où j’écris ses lettres noires mais qui seront inévitables.
Alors que le mal grandissait, mené par un sorcier puissant et avide, Ganondorf, le peuple demanda un héros et les déesses dans leur grande bonté en envoyèrent deux. Il s’agissait alors de deux enfants nommés Link et Zelda. A chacun fut donné un pouvoir de la Triforce : la sagesse pour la douce Princesse Zelda et le courage pour Link. Leurs destins furent scellés en une rencontre et le combat commença alors car Ganondorf avait vu le pouvoir et la destinée qui sommeillaient en eux et avait décidé de ne pas attendre leur réveil. De nombreux combats furent menés, une guerre sans merci éclata et le sorcier maléfique fut détruit à jamais dans un futur qui rejaillit sur le passé. Cependant la folie des hommes est sans nom et le coup d’état de Ganondorf bien qu’annihilé donna naissance à un nouveau peuple. Une guilde de sorciers noirs ayant pour seul but de détruire, pour seule croyance la guerre, pour seule joie donner la mort. Ils eurent la bonne idée de demeurer dans l’ombre et malgré le fait qu’aujourd’hui déjà nous connaissons leur existence, nous ne pouvons rien contre eux car nous sommes bien les seuls à croire au danger qu’ils incarnent alors que beaucoup doutent même de leur présence. La disparition de Ganondorf a marqué le début de leur règne, car un peuple victorieux en devient plus sûr de soi et moins prudent. Nous avons pourtant essayé de faire entendre raison au roi et la Princesse est trop jeune pour que sa parole soit assez puissante. C’est pourquoi ce verset existe, pour comprendre, pour connaître l’ennemi et savoir le vaincre.
Lorsque l’apogée des mages noirs fut atteinte, nous plongeâmes plusieurs héros dans un sommeil de pierre, dans la vallée des héros, au fin fond du désert. La princesse Zelda ainsi que Link ne firent pas partie de ceux-là mais leurs descendants dans le cœur des déesses furent trouvés et ainsi conservés loin de la puissance destructrice de la guilde. Nous allons mourir alors nous confions la clé de la vallée à une personne de confiance. En appuyant votre doigt sur le cercle de fer au dos de ce livre, héros, vous obtiendrez le seul guide possible pour atteindre la vallée des héros. Sans lui, vous ne trouverez jamais la voie et périrez. Utilisez-le et une fois sur place, libérez les héros dans cet ordre qu’il est très important de retenir. Tout d’abord la sagesse, puis le courage et enfin la force.
Soyez prudent. Que Nairu, Farore et Din guident vos pas et votre cœur. ».


A peine la fée eut-elle lu les dernières phrases que le livre eut un soubresaut et se referma en déroulant toutes ses pages qu’elle vit blanches, immaculées. Au dos du livre, le cercle de fer était sous ses yeux, orné d’étranges motifs. Elle s’approcha et posa un de ses moignons dessus. Rien ne se passa. Le livre avait bien parlé de doigt mais elle ne voyait pas comment faire. Alors qu’elle désespérait de pouvoir réussir la quête qui lui incombait sans possibilité de se servir de ses mains, la lame brilla à sa ceinture. Les fées ont des orteils faits comme nos mains, c'est-à-dire que le gros orteil est préhensile comme le pouce, aussi put-elle extraire sa lame de son fourreau à l’aide de son pied droit car elle était gauchère. Elle amena la dague contre son bras gauche et un froid intense lui prit tout le membre, elle ferma les yeux en respirant fort pour essayer de se calmer alors que l’engourdissement devenait de plus en plus intense. Finalement elle ouvrit les paupières et vit que la dague était maintenant dans la continuité de son bras, son pommeau avait entouré son moignon qui n’était désormais plus visible. La créature fit quelques mouvements de parade et d’attaque puis réitéra son essai en collant la pointe de son arme sur le cercle de fer. Ce dernier s’illumina brièvement et s’éleva en grossissant autour de la lame. Il continua de monter ainsi jusqu’à atteindre le pommeau sur lequel il se referma. Il ressemblait fortement à un simple bracelet de fer hormis qu’il vibrait doucement. La fillette l’observa, se demandant comment s’en servir. Soudain le plafond s’ouvrit en cercle au-dessus d’elle et elle fut aspirée à l’extérieur.

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