terre-vue-d-anouck

Des mots couchés sur pixel

Mardi 10 août 2010 à 22:37

Chapitre 6 : Enigmes et bibliothèque

Passant l’arche, la fée leva les yeux et put lire ces quelques mots inscrits dans la pierre de la voûte : « Rien n’est impossible ». Elle sourit, se disant que c’était bien le type de paroles qu’elle avait besoin d’entendre alors que la recherche d’un livre dont elle ne connaissait pas même le nom lui tendait les bras. Elle avança donc et se retrouva ébahie devant la grande bibliothèque. Elle s’attendait à voir quelque chose de majestueux et d’une grande ampleur mais devant elle, une seule et unique armoire était placée contre un mur sur sa gauche. La pièce était toute petite et bien qu’elle se tourna de tous les côtés, aucune autre ouverture n’était visible. Elle battit des ailes pour s’approcher de l’armoire et essaya de regarder par la vitre. Cependant la poussière s’était accumulée si bien pendant toutes ses années qu’il était impossible, même en frottant de ne serait-ce qu’entrevoir ce qui se trouvait à l’intérieur. Elle agrippa donc la poignée en or fin du meuble et la tira de toutes ses forces. Dans un grincement d’outre-tombe, la porte s’ouvrit et un nuage de poussière s’échappa des tréfonds de l’armoire. Fermant les yeux et toussant, la fée s’écarta pour reprendre son souffle. Elle s’approcha de nouveau mais une quinte de toux la reprit et elle eut vite fait de s’éloigner. Se doutant bien que la poussière recouvrait toutes les étagères, elle agrippa le bord de la porte ouverte et se mit à battre frénétiquement des ailes. Grâce à son arrimage elle ne se déplaçait pas et pouvait ainsi envoyer voler toute la poussière du meuble. Elle continua jusqu’à ce que la fatigue la reprenne et osa regarder le contenu de l’armoire. Sur l’étagère du haut tout d’abord, il n’y avait rien. La suivante, rien non plus et enfin sur la dernière… Un livre était posé, un ancien ouvrage dont la couverture était noire. Elle atterrit près de la reliure et essaya de lire le titre. « P--r ce-- q-- -nt » déchiffra-t-elle au début mais les moisissures qui rongeaient le livre ne permettaient pas de voir quoi que ce soit d’autre. Elle évalua donc le poids de la couverture et agrippant son bord, essaya de s’envoler pour l’ouvrir malgré les heures de vol qu’elle avait dans les ailes. A sa grande surprise, le premier à-coup qu’elle fit ouvrit entièrement le livre. Sur la première page, en grandes lettres manuscrites noires était écrit : « Pour ceux qui ont le cœur pur ». Elle pensa que c’était un bien étrange titre. Alors qu’elle réfléchissait assise contre le livre, se demandant s’il s’agissait du livre qu’elle cherchait et d’un autre côté ne voyant pas d’autres livres, elle ne se rendit pas compte que derrière elle, les pages se pliaient lentement, les unes après les autres et qu’une lueur commençait à provenir de la couverture. Lorsque la lueur devint lumière, la fée se retourna brutalement. La quatrième de couverture flamboyait maintenant d’un éclat tel qu’entre chaque pierre mal scellée de la tour du savoir on pouvait la voir. Stupéfaite, la créature ailée se rendit alors compte que les pages s’étaient pliées et formaient un escalier dont chaque marche avait sa propre phrase.
« Toi qui a le cœur pur,
Toi dont les desseins sont empreints de gentillesse,
Toi qui a su trouver ces murs,
Toi dont le destin changera celui de cette forteresse,

Toi qui a trouvé un chemin,
Toi qui a si souvent bravé les dangers,
Souviens-toi des phrases en mon sein
Afin de trouver le livre sacré »

La fée relut les phrases plusieurs fois jusqu’à les retenir par cœur, puis ne sachant plus à quoi s’attendre, descendit les marches de papier et entra dans la lumière.

Elle sentit une étrange sensation, comme si chaque membre de son corps se détachait et enfin ils revinrent tous pour se réassembler et elle reçut un choc à la tête. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle ressentit d’abord une forte douleur au crâne, puis se relevant lentement elle put enfin voir qu’elle se trouvait dans une bibliothèque. Un endroit immense et majestueux comme elle se l’était imaginé. Des dizaines voire des centaines de bibliothèques étaient rangées, formant un labyrinthe de livres et s’enfonçaient dans la pièce si loin qu’elle n’en voyait pas le bout. Une peinture phosphorescente avait été appliquée sur les étagères, si bien que tout l’espace était emplit d’une douce lueur verte. Finalement elle aurait préféré n’avoir qu’une pièce petite et d’un aspect rustique plutôt que cet immense édifice. Résignée, elle se mit donc à errer sans but précis entre les allées, cherchant un quelconque indice et se répétant sans cesse les phrases du livre en essayant de leur découvrir un sens caché. Enfin, à bout de force elle retourna à l’entrée et chercha un moyen de repartir. Elle avait beau vouloir à tout prix comprendre ce qu’il s’était passé et faire de son mieux pour aider, elle avait l’impression que quelque chose lui échappait. Elle se disait qu’elle trouverait peut-être d’autres indications dans le reste du palais. Cependant après de longues minutes de recherche, elle dut se résigner. Il n’y avait aucun moyen de partir. Elle allait rester bloquer dans cette salle. Elle se mit à avoir des pensées négatives.
« Et si je restais à jamais coincée ici ? Je passerai l’éternité qu’est ma vie à chercher dans tous les livres de cette immense bibliothèque jusqu’à mourir d’épuisement et de tristesse ? Non c’est impossible ! »
Elle était assise la tête dans les mains, perchée sur une étagère, les jambes pendant dans le vide.
« C’est impossible… » répétait-elle sans cesse. Et ce fut le déclic.
« Mais non rien n’est impossible ! Rien n’est impossible pour ceux qui ont le cœur pur ! » s’écria-t-elle, comprenant enfin le sens des messages.
Elle s’éleva alors dans les airs, ferma les yeux et concentra toutes ses pensées sur sa quête et sur la mission à laquelle elle avait autrefois participé, qui l’avait séparée des siens comme le veut la tradition afin qu’elle aide au mieux une personne au cœur pur. Une chaleur l’emplit alors et elle se sentit comme propulsée par une force alors qu’elle restait sur place. Elle ouvrit les yeux et devant elle, son visage lui souriait. Elle sursauta et un rire retentit. Devant elle, une fée translucide, entièrement blanche la regardait en rigolant d’un rire très doux qui se répercutait dans toute l’immensité vide de la salle, on aurait dit sa jumelle. Elle virevolta quelques instants devant la créature époustouflée puis, dans un rire, se mit à aller de bibliothèque en bibliothèque, les touchant du bout des doigts et faisant ainsi apparaître des chiffres lumineux sur chacun des meubles. La fée la suivit sans comprendre, lui demandant sans cesse des explications mais l’étrange être ne s’arrêta pas et alla bientôt si vite qu’elle ne put le suivre. Elle retourna alors à l’entrée et observa les chiffres. Un deux, un un, un six et un quatre étaient sur la première rangée. Que pouvaient-ils bien représenter ? Etait-ce une sorte de code ?
Elle chercha pendant un long moment leur signification avant de réfléchir plus largement.
« Chaque fois pour avancer dans ce lieu, j’ai dû utiliser un indice qui m’était donné dans la tour. Je vais donc repasser en revue ces indices. Il y avait tout d’abord le titre et la voûte qui formait une phrase et ensuite les messages inscrits sur les marches… Peut-être dois-je les utiliser pour décrypter cette énigme… » pensa-t-elle avant de se répéter sans cesse les phrases écrites sur les marches et de chercher un rapport avec les chiffres.

NDA : essayez donc, chers lecteurs de chercher par vous-même avant de lire la suite…

Soudain, la solution vint d’elle-même, elle prit alors l’allée du chiffre deux, puis dans l’allée suivante encore le chiffre deux, suivi du un puis le six et enfin le deux. Elle avait en effet compris que les « de » de la phrase étaient en fait des « deux » et ainsi de suite. Elle arriva donc à un meuble rempli de livres. Elle était heureuse car elle avait presque atteint son but, le livre était forcément parmi ceux-là. Elle commença à lire les titres : « Essentiel d’histoire Vol. 1 », « Essentiel d’histoire Vol.2 », « Le grand guide du voyageur », « Des bienfaits du lait », « La vie quotidienne de la tribu Gerudo : à partir des notes du professeur Fantrache, mort sur le terrain », « Généalogie de la famille royale d’Hyrule »…
La fée était assez indécise notamment après avoir vu le titre de l’ouvrage posthume. Elle continua ainsi sa lecture et commença à décaler les livres dont le titre commençait par « le livre de » comme indiqué sur la lettre du soldat. Elle finit donc par avoir « Le livre de cuisine : réussissez vos plats pour un dîner digne de la table royale », « Le livre des contes et légendes d’autrefois», « Le livre du héros en herbe », « Le livre maléfique » et « Le livre sacré ». Elle sourit et tira « Le livre sacré » vers elle, se disant que ça ne pouvait pas être si simple. Alors que le livre tombait de l’étagère, un grognement rauque en sortit, la faisant sursauter. Elle s’en approcha doucement, il ne s’était pas ouvert en tombant mais la couverture avait un aspect peu reluisant. Elle attrapa cette dernière pour ouvrir l’ouvrage mais elle fut immédiatement brûlée. Elle vérifia la tranche du livre et relut le titre. Elle s’était trompée… Dans sa hâte, elle avait sorti le livre d’à côté : « Le livre maléfique ». Elle s’envola donc à nouveau et fit chuter le bon livre. C’était un ouvrage magnifique, argenté et brillant d’une douce lumière. Les deux ouvrages avaient une action répulsive l’un sur l’autre. Sur leur couverture respective, le titre était écrit dans une langue qui lui était inconnue, seule la tranche était lisible. Elle ouvrit le livre sacré et vit que ses pages étaient belles, fines et douces… si douces. Après la fatigue de la journée, la douceur du papier l’apaisa si bien qu’elle commença à s’assoupir, allongée sur les caractères encrés. Alors que ses yeux se fermaient, elle sentit une étrange fraicheur contre sa cuisse qui la refroidissait de plus en plus. Finalement elle avait tellement froid qu’elle ouvrit en grand ses yeux auparavant presque fermés. Sa lame brillait d’une étrange lueur et était devenue glaciale. Elle la tira de son fourreau et la regarda mais un bruit la fit se retourner. De la reliure interne du livre était sortie une langue énorme et gluante, d’un noir profond. Des nerfs rouges étaient visibles au travers de la matière translucide la recouvrant. D’un battement d’ailes, la fillette s’envola juste au moment ou la langue s’abattait sur l’endroit où elle s’était assoupie. Mais elle n’allait pas en rester là et rapidement, telle la langue d’un crapaud, elle s’étira pour essayer d’attraper sa proie. La fée enchaînait des virages rapides et secs pour échapper aux attaques ardentes de la créature. « Je ne vais pas tenir longtemps à fuir de la sorte » se dit-elle. Elle fonça alors vers le plafond, suivie de près par la langue et au moment où elle allait l’atteindre, elle bifurqua. Son attaquante n’eut pas le temps de changer de direction et se retrouva collée au plafond. Elle essayait de se décrocher désespérément et peu à peu la pierre s’effritait sous ses assauts répétés. La fée, lame au poing, l’attaqua alors de plein fouet et la découpa. Un cri suraigu sortit du livre qui s’enflamma alors que sa protubérance linguale se tordait dans tous les sens avant d’être prise à son tour par le feu dévorant. Encore tremblante de terreur et du surplus d’adrénaline, la petite fée redescendit auprès du livre monstrueux. Elle retourna à sa tranche et gratta avec son ongle. Un papier avait été collé sur le bord et en dessous était écrit « Livre maléfique ». « Non sans blague ! » s’écria la fée furibarde. « Quelle idée de changer les noms des livres comme ça ! Si je tenais la personne qui…  Non c’est de ma faute, j’aurais dû être plus prudente, je suis dans un monde hostile désormais. J’aurais dû voir que ça ne pouvait pas être aussi simple. » Elle se mit à rire en regardant le livre, soulagée de l’avoir enfin trouvé.

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