Il y avait sur cette terre un nuage de poussière.
Une poussière froide et grise qui bouffait la lumière.
Des ombres s'élançaient au travers de cette nuit,
Ames en peine égarées dans un lourd infini.
Le gris emportait tout dans la poussière volante,
Les marchés, les parvis, les paysages, les plantes.
Tous les hommes revêtaient un costume de grisaille
Reflet de leurs esprits que les tourments cisaillent.
A côté de cette brume, se tenait une enfant,
Observant l'aquarium de ce monde latent.
Elle le frôla du doigt, sentant toute sa froideur
Et préféra rester dans son monde de douceur.
Mais l'enfant grandissait, s'approchait de plus près
De ce mur de brouillard qui sans cesse l'attirait.
Et quand elle le touchait il lui semblait moins froid,
Sans voir que la chaleur avait quitté ses doigts.
Un jour elle pénétra dans la brume des envies
Et tout se referma, n'offrant plus de sortie.
Elle combattit d'abord puis se laissa aller,
Suivant les formes grises qui comme elle s'y mouvaient.
Parfois il arrivait qu'elle sente la fine chaleur
Volatile et sereine de ce monde de douceur
Mais elle ne laissait place qu'à ce gris déprimant
Et son coeur attristé voyait s'enfuir l'instant.
Pourtant dans ce brouillard qui toujours l'entourait
Elle conservait l'espoir et recherchait la paix,
Un jour elle décida de marcher vers l'avant,
Ne pas se retourner, poursuivre son but ardent.
Elle marchait depuis peu ou bien depuis longtemps
Quand un arbre doré apparut du néant.
Ses doigts cherchèrent vivement les replis de l'écorce
Suivis du cliquetis d'un système qu'on amorce.
Comme au fond d'un ravin, elle perçut un écho,
Un battement, une plainte qui remplissait ses os.
Son coeur battait maintenant comme celui de l'enfant
Qu'elle avait écarté au profit d'un séant.
Le brouillard s'éloigna, des couleurs s'invitèrent,
Elle vit les gens restés dans la brume sectaire,
Des petites formes tapies l'observaient bouches bées,
Premier adulte sortit de cette obscurité.
Elles formèrent une ronde autour de l'invitée
Et la femme étourdit par les rires irisés
Se laissa choir ravie au milieu des enfants,
Se rappelant de l'arbre qu'avant elle aimait tant.
Elle se voyait courir, embrassant son écorce
Se hissant dans ses branches avec sa petite force.
Elle s'endormait ravie au pied de son ombrage
Inventant le passé d'un arbre d'un tel âge.
Après de longues heures elle se leva enfin,
Repartit vers la brume qui sévissait au loin.
Elle était de ce monde où les adultes se leurrent
Et elle y retournait les mains pleines de couleurs.
Car ce n'est sûrement pas en perdant l'innocence
Que l'on perd les bonheurs tout simples de l'enfance
terre-vue-d-anouck
Des mots couchés sur pixel
Mardi 10 août 2010 à 23:00
Commentaires
Par Comte le Jeudi 9 septembre 2010 à 5:33
J'aime bien celui-là, et puis c'est rare de lire des poèmes de jeunes gens avec un côté un peu optimiste :)
Par Jeudi 9 septembre 2010 à 9:01
le Merci pour ton commentaire, j'écris quand même un plus grand nombre de textes "dépressifs" mais je me soigne :p
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